La mobilisation

 Les normaliens de Saint-Cloud dans la mobilisation

L’analyse sérielle de l’ensemble des données récoltées pour les 101 normaliens de Saint-Cloud inscrits sur le monument aux morts de l’Ecole a permis de dégager ce que l’on pourrait appeler un « profil-type » de cette population.

Les normaliens de Saint-Cloud ont généralement été mobilisés dès le début du mois d’août 1914, au moment de la mobilisation générale. Leur statut de fonctionnaire engagé pour dix années consécutives au service de l’Etat leur avait cependant le plus souvent permis de différer leur service militaire, de quelques années parfois. Parce qu’ils avaient ainsi reporté leur obligation de service militaire ou parce qu’ils avaient tout juste vingt ans en 1914, près d’un quart d’entre eux n’a reçu aucune formation militaire à l’été 1914. De fait, ils ne recevaient pas de formation militaire au sein de l’Ecole, contrairement à la politique mise en place par E. Lavisse à la rue d’Ulm dès les années d’avant-guerre.

Pour ceux ayant néanmoins effectué leur service, le « certificat de bonne conduite » – délivré durant le service militaire pour distinguer certains conscrits considérés comme plus méritants que les autres – ne leur a été le plus souvent pas accordé. Ainsi, ils sont une majorité à ne pas avoir été gradés durant leur service militaire, et ils ne sont pas rares à ressortir des mois de service tels qu’ils y étaient entrés, c’est-à-dire en tant que simple soldat de deuxième classe.

La période de réserve, après le service, a été généralement plus propice aux promotions, souvent rapides, avec l’acquisition de plusieurs grades en une seule fois. Il y a par ailleurs une certaine forme de continuité entre les normaliens sortis gradés du service militaire et les promus de la période de réserve, ce qui atteste d’une certaine constance dans la volonté de progresser au sein de l’armée. A partir de la mobilisation d’août 1914, l’avancement a tendance à se ralentir. En revanche, lorsqu’elle a lieu, la promotion est encore plus rapide qu’auparavant, y compris pour les normaliens qui ont été assimilés à partir d’août 1914 sans réelle préparation préalable.

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L’avancement dans la hiérarchie militaire reste cependant la règle chez les normaliens, puisque seuls deux d’entre eux n’ont pas été promus du tout sur toute la durée de leur vie de soldat. A leur mort, les normaliens sont par conséquent le plus souvent officiers subalternes – 38 hommes pour 101, avec un nombre important de sous-lieutenants – 29 hommes pour 101 – et sont presque systématiquement affectés à des régiments d’infanterie. Au moment de leur décès, l’infanterie représente entre 8 à 9 hommes sur 10, les hommes restants étant mobilisés au sein de bataillons de chasseurs à pieds ou alpins, dans les troupes coloniales (régiments de marches et zouaves, régiments de tirailleurs algériens) ou encore au sein de corps plus spécifiques (train des équipages, aviation, régiments d’artillerie lourde)

 

 (Léa Filiu)